Sciaphiles

La boîte sciaphile (« qui aime l’ombre ») est une possibilité de paysage. Réhabilitant l’éventualité de la non-réalisation de l’expérience paysagère – comme « l’expérience sauvage » se nourrit de l’incertitude de l’observation d’un animal totémique (éléphant, lion, requin tigre, ours blanc…) ou d’un phénomène naturel remarquable (aurore boréale par exemple) – la boîte sciaphile convoque le soleil (présent ou absent, donc) pour faire apparaître, sous la forme d’ombres, les traces d’un paysage sur une feuille de papier.

Ces traces ont été capturées par Seitoung par frottage d’une lame mince en verre sur des éléments composants le paysage observé (arête rocheuse, végétation, bâtiments, etc.). Chaque trace est donc unique et quasi invisible sur la lame de verre, seul le soleil (ou, éventuellement, toute autre source lumineuse) dont les rayons sont diffractés par les rayures du verre matérialisant par projection les empreintes paysagères.

Poésie éphémère et voluptueuse, elle est l’enregistrement de caresses que l’artiste pose sur le paysage, geste charnel entre empathie et érotisme.

Edition: fanzine SCIAPHILES, numéro 1, novembre 2019, 30 ex., chacun contenant un rhodoïd rayé, fac-similé reproduit manuellement d’une lame mince paysagère.

Exposition : zinewall SCIAPHILES #1, 12 décembre 2019, Saint-Malo

La réflexion de Seitoung porte sur une manière de capturer le paysage autre que la photographie et de (re)faire l’expérience contemplative hors site. Les fruits de sa réflexion s’articulent pour le moment autour de deux modes de restitution plastiques de son invention : la boîte sciaphile et le payscament. L’un souligne le caractère fragile, incertain et éphémère des paysages ; l’autre le restitue comme un objet de consommation courante que l’on pourrait presque industrialiser.