L’univers des yokai est à l’honneur sur Artoung : après le fanzine Beta de Stéphane Bouillet, voici qu’arrive le carnet de voyages de Ben Sanair, un leporello sérigraphié en deux couleurs de 306 cm de long. Et encore, ce premier volume ne conte que les 4 premiers jours du périple tokyoite, transfert aérien et escale polonaise compris. Ce « Going to Japan » se lit et se regarde comme la série « Paris » de Jean-Paul Nishi, mangaka japonais venu découvrir la vie de la capitale française et qui se met en scène dans la découverte des us et coutumes de l’autre. Entre mini-expo dans un lieu mythique de l’édition underground, concert de noise et session de dessin collectif, le séjour du cofondateur de La Générale Minérale, rythmé à la sauce ramen, est palpitant.
De quand date ce projet « Going to Japan » ? Comment s’est-il monté ?
Le projet du livre « Going to Japan » s’est fait parce que j’ai été invité à faire une exposition à Tokyo à la librairie Taco ché qui est très active dans le domaine du dessin underground au Japon. En plus de l’exposition j’ai eu la chance de faire des concerts là-bas, en collaboration avec des amis musiciens. Ceci étant la première partie du voyage. Pour la deuxième partie du voyage, j’ai voulu dessiner avec un maximum d’artistes et il en est sorti 13 dessins originaux qui seront montrés dans un prochain livre. A ce moment-là du voyage je n’avais pas l’idée de sortir un livre/carnet sur mes aventures japonaises. Avant de partir ma copine m’a acheté un carnet de chez moleskine, un leporello de 2m50. J’ai commencé à dessiner dedans ce qui se passait là-bas. Puis en rentrant je l’ai fini. Puis l’idée de l’éditer exactement comme l’original m’est apparu comme une évidence. Je n’ai dessiné que les 3 premiers jour de voyage dans celui la, donc il y aura un tome 2. Sans ce carnet offert avant de partir, je ne me serais jamais lancé dans ce projet, C’est la première fois que j’écris une histoire.
– Quelles ont été tes plus grandes surprises au Japon ? Est-ce que cela a impacté ta façon de travailler, le projet lui-même tel que tu l’avais imaginé avant de partir ?
Ma première surprise en arrivant a été que le Japon avait bien changé, j’y suis allé en touriste il y a 11 ans, et à ce moment-là personne ne parlait anglais et rien n’était fait pour les étrangers (je me souviens n’avoir trouvé qu’un seul distributeur automatique acceptant les Visa dans tout Osaka). Maintenant, tout y est plus simple. N’ayant pas de projet défini, juste cette envie de dessiner avec le maximum de gens, je ne savais pas à quoi m’attendre, j’espérais juste que tout le monde répondrait présent. A ma grande chance, j’ai dessiné tous les jours (de la deuxième semaine) avec des gens différents. C’était tellement mortel de pouvoir faire ça, tout le monde a été super agréable, pour l’expo, les concerts et les sessions de dessin.
– Tu édites beaucoup de tes travaux en petit tirage avec des procédés de fabrication très manuels (sérigraphie, pliage, etc.), pourquoi ce besoin de façonner les objets ?
Je suis sérigraphe et je m’attarde beaucoup sur le fait main, je viens d’une culture de la débrouille, je sais que je ne ferai jamais de crowdfunding par exemple, pour moi un projet ça se gère de A à Z ou alors avec les bonnes personnes. J’ai besoin d’être acteur de la conception d’un livre, je n’ai pas envie qu’on me livre (jeu de mot ?) le produit fini à la maison. Je vais par exemple éditer un livre en offset bientôt avec mes amis de l’imprimerie La platine à Marseille mais c’est moi qui vais le façonner. J’ai toujours fait ça, je fais de la musique et j’avais un label de noise avant, je faisais toutes les sorties à la main. J’aime me faire chier comme un rat, ha ha ha !
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